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La bureautique communiquante : quelle emprise sur le travail collectif ?
    




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Henri FANCHINI
ARTIS FACTA - Ingénierie des Facteurs Humains
51, rue de l'Amiral Mouchez - 75013 PARIS
Tél : +33 1 43 13 32 33 - Fax : +33 1 43 13 32 39 henri.fanchini@artis-facta.com

C. GOUEDARD (Estelle France),

J. LATRILLE (Télésystèmes/Questel)

O. BOUILLANT (SEPT)

paru dans les actes du XXVIIème Congrès de la Société d'Ergonomie de Langue Française (SELF), Lille.



1. Le projet AMBIANCE

Dans un paysage bureautique fortement hétérogène et en perpétuelle évolution, le projet AMBIANCE, lancé par FRANCE TELECOM en Janvier 1991, se propose de développer de nouveaux services collectifs de communication et de traitement des documents électroniques. Ces nouveaux services pourront être utilisés par des groupes sectoriels, par des services d'entreprises qui reposent sur une abondante communication externe (service achat, vente, marketing, etc...) ou encore par des entreprises coopérant ponctuellement, pour ne citer que quelques exemples.

Les principaux axes d'innovation sur lesquels s'engage le projet sont axés sur la mise à disposition d'outils et services favorisant la dimension collective du travail bureautique :

  • la circulation intelligente de documents ou de dossiers à l'intérieur d'une entreprise ou entre entreprises en fonction des schémas habituels de circulation.

  • la gestion électronique de documents multimédia qui permette l'archivage, le classement, l'accès et la diffusion des documents électroniques de façon partagée dans l'entreprise.

  • la production coopérative de documents où plusieurs personnes sont amenées à rédiger ensemble un même document selon une méthode propre au groupe de travail auquel elles participent.




2. Objet de l'intervention ergonomique


Une première phase de réflexion ayant permis de décliner (sur le papier) un certain nombre d'outils et de services nouveaux propres au projet, il importait, dès les premiers stades de la conception, de prendre en compte des situations bureautiques réelles afin d'éprouver l'adéquation des concepts initiaux du projet à cet existant.

Dans cette optique, les missions incombant aux ergonomes étaient de :

  • caractériser les pratiques actuelles du travail bureautique, et notamment l'émergence de dimensions collectives, en dégageant des modèles de fonctionnement socio-organisationnels.

  • identifier chez les utilisateurs l'usage fait des outils mis à disposition, ainsi que les besoins non satisfaits par les solutions actuelles en bureautique communicante.

  • éprouver auprès d'utilisateurs en bureautique, une maquette informatique, avec le double objectif, d'une part, de valider les principaux concepts de travail collaboratif sous-jacent au projet, et d'autre part, de disposer d'un retour d'expérience quant aux options ergonomiques qui régissent l'interface (complexité d'ensemble du produit, groupements fonctionnels, modalités de dialogue, etc...)

  • en regard des contextes étudiés, fournir à l'équipe de projet, les orientations à suivre au stade des spécifications générales, pour que les aspects innovants du projet s'inscrivent dans la lignée des pratiques organisationnelles et coopératives courantes.


3. Démarche

Lors d'une première étape, la viabilité a priori des concepts et objets proposés par l'offre AMBIANCE a été appréciée par référence à des contextes organisationnels variés.

A cet effet, à partir d'un panel de 9 sociétés équipées en bureautique, 25 responsables et/ou utilisateurs ont été rencontrés à leur poste de travail. Les investigations ont été menées auprès de : Schlumberger Industries, la Caisse des Dépôts et Consignations, le Ministère de l'Equipement, la Direction de la Production de France Télécom, Dassault Automatismes et Télécommunications, la Bibliothèque Inter-Universitaire de Médecine, et dans une moindre mesure, auprès de la BNP, de la Poste et d'EDF.

Dans une seconde étape, une maquette de l'interface implantée sur un ordinateur portable, a permis de faire réagir les utilisateurs aux concepts et objets de l'offre AMBIANCE. L'utilité (niveau conceptuel) et "l'utilisabilité" (ergonomie du dialogue) des objets proposés ont été évaluées, en se fondant sur l'observations des comportements et les points de vue exprimés par les utilisateurs, ainsi que sur l'expertise des consultants en ergonomie lors d'un pré-diagnostic de l'interface.



4. Constats


4.1 La messagerie est l'épine dorsale de la bureautique communicante

Tant qu'une certaine masse critique d'utilisateurs de la messagerie n'est pas atteinte, l'implantation bureautique reste ponctuelle et balbutiante, cantonnée à quelques foyers d'utilisation fluctuante. La messagerie est utilisée le plus souvent par curiosité, comme un gadget.

A contrario, lorsque la masse critique est atteinte, apparaissent des problèmes liés à l'inflation des informations, et des effets pervers de la communication : saturation des possibilités de traitement des informations, mauvais ciblages, contourne-ment de la hiérarchie, non confidentialité des informations.

4.2 Les procédures manuelles sont encore largement utilisées

La circulation de documents sur support électronique consiste essentiellement en des tranferts de fichiers, de pièces-jointes transitant par la messagerie, de reroutage de messages en cas d'absence, de documents ou de modèles de lettres mis à disposition dans l'entreprise. Cet échange de documents se heurte encore à des incompatibilités de formats. Les outils traditionnels (tampons de diffusion, parapheurs,...) restent les moyens les plus utilisés pour la circulation des documents en entreprise.

Les formes de travail coopératif rencontrées se résument le plus souvent à des travaux très simplifiés. Le cas typique est celui de la coopération secrétaire/ingénieur sur un document, où la secrétaire dactylographie et met en forme, l'ingénieur relit, la secrétaire effectue les dernières modifications. Quelques outils manuels (fiches de lecture,...) sont constitués pour favoriser l'organisation du travail collectif sur de gros documents, mais le point de rencontre privilégié est la réunion physique : elle seule, permet la perception de tout un ensemble de méta-informations sur les participants, et favorise la dynamique des relations inter-personnelles.

La recherche documentaire demeure l'affaire de spécialistes.

4.3 Certains outils existants sont partiellement utilisés

Certains outils actuellement utilisés révèlent des points faibles et des lacunes (fonctionnalités manquantes, difficultés d'utilisation,...) :

  • la messagerie : absence de signal pour témoigner de l'existence de pièces-jointes à un message, pas de trace du message envoyé,...

  • l'annuaire : pas toujours accessible à partir d'autres services bureautiques, scepticisme sur la fraîcheur des informations,...

  • l'agenda électronique : difficultés de mise à jour et indisponibilité pendant les déplacements, absence de signalement des nouveaux rendez-vous,...

  • le télex et le fax : utilisés en émission, pas en réception, ne sont pas reliés à la messagerie,...

4.4 Quelques indicateurs du niveau d'intégration bureautique

Pour dégager une typologie de modèles socio-organisationels, un certain nombre d'indicateurs existent : ils appartiennent soit au domaine de la sociologie (systèmes de conduite, longueur de la ligne hiérarchique, qualifications,...) soit au domaine technique (réseaux, équipements télématiques,...). Pour cette étude, quatre indicateurs primordiaux ont été identifiés, dans l'ordre :

  • Acceptation : les cadres sont ou non d'accord pour travailler à partir d'un clavier,

  • Taux d'équipement : chaque utilisateur dispose ou non d'un écran,

  • Restructuration progressive : certaines tâches administratives et de secrétariat sont peu à peu prises en charge par les cadres,

  • Exemplarité : dans la pratique et le discours de la haute hiérarchie, la bureautique devient un support au travail collectif.

Ces indicateurs sont interdépendants et cumulatifs. Ainsi, le niveau d'intégration bureautique s'élève, au fur et à mesure que chaque échelon est franchis.

Selon le positionnement vis à vis de ces indicateurs, deux modèles organisationnels opposés émergent :

  • si ces indicateurs ne sont que partiellement satisfaits, la pénétration bureautique se résume à quelques foyers dispersés au sein de la société. Il s'agit souvent de structures lourdes, dotées de fortes règles organisationnelles, nécessitant donc plus de temps et de prudence pour intégrer des produits bureautiques nouveaux.

  • si ces besoins sont pratiquement comblés, ils favorisent la dynamique bureautique. L'organisation, de part sa souplesse, peut intégrer beaucoup plus rapidement la nouveauté dans son environnement de travail, en s'y pliant dans une certaine mesure.



5. Points clefs à considérer pour l'évolution du projet


La prise en compte des interactions entre la sphère individuelle et la sphère collective doit permettre de structurer l'architecture des produits et services en adéquation avec les attentes des usagers.

Le champ d'application des services AMBIANCE nécessite d'être suffisamment ouvert pour tenir compte de la diversité des pratiques de travail. Les modalités de passage entre le travail collectif et le travail individuel doivent intégrer deux cas de figures principaux :

  • Un document n'est pas systématiquement projeté d'emblée dans une dimension collective : on travaille d'abord sur un document "en vase clos", puis, une fois que l'on juge le document suffisamment avancé et présentable, on décide de le transmettre dans la sphère collective de travail.

  • Lorsque l'on sait que la vocation du document sera collective et qu'il est déclaré en tant que tel dès sa création, s'intercalent toutefois des moments où l'utilisateur travaille dans sa sphère individuelle pour réalimenter après-coût la dimension collective.
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